PARTI depuis quelques minutes ce petit matin de fin d’été et gravissant les premières pentes à la sortie de Saint-Jean-Pied-de-Port, je récapitulais dans ma tête le contenu de mon sac, espérant n’avoir rien oublié, et puis, zut… ! J’avais oublié quelque chose : « l’esprit du chemin »…
Pour être tout à fait honnête, je ne m’en étais pas trop préoccupé, avant de boucler mon sac.
Bref, je me suis dit que j’allais bien trouver cela assez vite, dans une albergue, pendant la visite d’un monastère ou d’une église, ou qu’un autre pèlerin allait me « refiler » le tuyau etc…
En avançant sur le chemin, je regardais les autres pèlerins, me disant : ” Et celui-ci ou celle-là, est-ce qu’ils l’ont dans leur sac ? “
J’en suis même arrivé à regarder les pèlerins déballer leur sac à dos dans les albergues, au cas où…
J’ai même failli demander à des pèlerins, avec qui j’avais sympathisé de me décrire cet esprit du chemin dont on nous rabattait les oreilles, car, pour moi, il ne faisait aucun doute qu’ils l’avaient dans leur sac ; et puis je n’ai pas osé, de peur de passer pour une « quiche ». Partir sur le chemin sans avoir l’esprit du chemin dans son sac, cela doit être impensable !
Alors, peut-être en arrivant à Santiago ?

Là bas, j’ai vu tellement de gens heureux, que je me disais : « C’est sûr, eux ils l’ont » et j’étais heureux pour eux et avec eux, mais un peu triste aussi, car le chemin était fini et que je n’avais toujours pas de réponse à ma question.
Chacun allait rentrer chez soi avec ce mystère, en tout cas ceux qui l’avaient dans leur sac….et moi pas !
Peut être, plus tard aurais-je une réponse à ma question ?
Jean-Louis
Saint Jean-Pied-de-Port