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AU PIED D’UNE COLONNE DE LA CATHEDRALE DE COMPOSTELLE…

15 août 2022 | En chemin, Témoignages

Témoignage de Catherine, accueillante à Santiago

Lever tôt – Taxi – Aéroport

Vendredi 13 mai à 9h05… Et oui… un vendredi 13 ! Décolle mon avion de Barcelone pour atterrir où ?…devinez ?… Saint-Jacques-de-Compostelle.

A l’aéroport, déjà, « LA PRESENCE » se manifeste… J’appelle ainsi celle qui facilite les choses… ce que l’on cherche… et à cet instant précis… la navette !

Il y a un bus, mais pas de chauffeur à son siège ! 

La confirmation que le bus est le bon m’est facilitée par un monsieur, Antonio. 

Il a repéré mon œil chercheur. 

Il a su voir… et me voir… un peu inquiète. 

Il parle le français et agit pour m’éviter le stress. 

Il fait la démarche de chercher mon besoin et y répondre !

Puis la navette roule, emplie d’espagnols, de pèlerins sac au dos. L’un est bien abîmé, clopinant, souffrant de son genou gauche. Son visage est bruni par le soleil du Chemin, mais surtout crispé de douleurs. Il ne parle pas ma langue. Un passager espagnol âgé, attentif, bienveillant intervient, l’invite à descendre du bus avec lui, le suivre par des raccourcis pour arriver au centre historique. Mes mots espagnols sont insuffisants à la compréhension mais, moi aussi, je le suis ! Cet homme là est du cru et la disponibilité qu’il manifeste se fait « confiance » en moi et devient « LA PRESENCE ».

Ca y est, je suis dans le centre historique… 

Comme quelque chose qui m’attire, je me trouve devant la façade Das Platerias de la cathédrale, le portail Sud et… je rentre juste par providence (comme dirait ma grande tante Odile). OH ! Que de monde partout… plein… plein ! Messe en vue. A l’arrière, au fond, là, debout, mon sac à dos de voyage à mes pieds, déjà comblée de ce moment ultime de retrouvaille avec le sanctuaire lumineux de Saint-Jacques. 

«  LA PRESENCE » est là, SA PRESENCE est là.

J’ai la joie d’être là en union avec les pèlerins parvenus ! Je pense à l’émerveillement que Dieu pourrait… ressentir en nous voyant tous différents, communion de peuples, nombreux tournés vers le sanctuaire après des millions de pas pour arriver jusqu’à lui ! 

Vous l’avez compris… je suis au coeur de la cathédrale bondée

Alors que mes yeux captent cette assemblée, que ma gratitude intérieure s’exprime, débute la célébration de la messe. Alors que certains vont et viennent… devant… derrière moi… il se passe quelque chose d’inattendu : je suis proche d’une colonne porteuse d’une voûte de belle courbure. Là, au pied de cette colonne, mes yeux repèrent un homme… en larmes, regardant son I-Phone qu’il a posé sur le petit rebord décalé d’une moulure de la colonne. Quelque chose me surprend ! Toutes les minutes, il rallume l’image de  l’I Phone que je n’aperçois pas encore. Je me rapproche un peu, devine une souffrance… un désarroi. Mon approche voudrait être délicate, celle de la compassion. Je m’approche de lui, pose une main ouverte sur son épaule. Je vois alors l’image sur son I-Phone… celle du visage souriant d’une femme. Il rallume sans cesse son image comme on rallumerait l’interrupteur d’une lumière pour qu’elle ne s’éteigne jamais et la raviver.

Quelques mots anglophones échangés et je comprends la perte de cet être cher, sa fille… La messe se déroule ainsi, en maintenant mon accolade sur ses deux épaules. Je compris plus tard que c’était Saint-Jacques lui même qui entourait de son accolade les épaules et le cœur blessé de cet homme !

Ma bouche parvient à dire quelques mots… « together » « I pray God for you and her » (ensemble, je prie Dieu pour vous deux), mélangés avec quelques mots en français « Oh! Quelle grande douleur ! »

A la venue de la communion, I ask him du regard « do you go » ? (je lui demande, y allez-vous ?).

Et, ainsi « together » (ensemble), nous avançons, pas à pas, comme une procession d’offrandes de ses douleurs du fond de la cathédrale jusqu’au devant du chœur.

Ses larmes cessèrent de couler. Il est en marche… debout, accueillant la force du Christ Vivant offert.

Nous sommes en communion.

De retour à notre place au fond, près de cette colonne de pierres taillées, je lève les yeux. Cette colonne est devenue colonne solide du bâtisseur qui s’élève, porteuse de ce qui est dur pour le cœur de l’homme.

Et là, oui là, le botafumeiro accompagné de la force de sa prière chantée à pleine voix, et de celle de l’Esprit Saint dégageant son encens sacré, nous enveloppe de sa paix céleste, et je dis « Now, she is up… with God » – « Peace will be with you » (Maintenant, elle est au ciel, avec Dieu- La paix sera avec vous).

Il me montra plusieurs photos d’elle, d’eux… révélant leurs moments de bonheur, d’amour et l’état de sa maladie.

Il me dit en me regardant dans les yeux

  • « I am in peace now » (je suis en paix maintenant). 
  • « I tell him just » : « your way is new now » (je lui réponds : un nouveau chemin s’ouvre à vous maintenant).

Puis, il sort de sa poche sa carte de visite et me la donne. Une fois repartie, je découvre son prénom, Bob et ses origines américaines. Sur sa carte est inscrite « The greatest compliment you can give is a referral. »

Oui « LA PRESENCE » s’est manifestée dès mon premier jour avant même de débuter mon service d’accueillante ! 

Dieu est venu visiter cet homme, Bob.

Dieu nous a visité dans notre totale humanité et au plus profond de ce que nous sommes.

Dieu nous a visités dans notre rencontre.

L’I-Phone est devenu le témoin d’une rencontre divine au sein même du cœur de la cathédrale, au sein même du cœur de Saint-Jacques avec pour témoins des centaines de pèlerins en « LA PRESENCE ».

Je n’oublie pas le témoin essentiel : cette colonne de voûte. 

Nous l’avons touchée. 

A son pied, nous avons goûté la paix retrouvée et savouré le bonheur de la rencontre avec « LA PRESENCE ».

Cette colonne si élevée a touché notre âme !

A propos, dites moi, en parlant de colonne, j’ai lu sa définition :

Colonne : support vertical de forme cylindrique de pierre composé d’un fût, d’un chapiteau et d’une base qui soutient un entablement et sert d’ornement à un édifice. 

C’est justement sur cet entablement que Bob a posé son I-Phone allumé, dévoilant le souriant visage de son aimée. 

Je rends hommage aux tailleurs de pierre de cette colonne. Qu’ils sachent qu’elle est habitée et vivante grâce à eux et au delà des siècles parcourus.

Catherine Roubichou

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