Ce pèlerinage, pour tous ceux qui l’ont entrepris, est vécu comme un don. N’est-ce pas un don de Dieu par l’apôtre Jacques et l’Eglise ? Les merveilles vécues par les pèlerins, jour après jour, témoignent de ce don, de cette grâce qui leur est faite. Croyants, chercheurs de Dieu, ou même chercheurs de sens, conviennent de ce qu’apporte le Chemin à celui qui l’emprunte. Combien y pacifient leur cœur, combien y retrouvent l’espérance et s’y réconcilient, combien y acquièrent un regard nouveau sur leur vie, sur la vie, et combien s’y convertissent ?
Ce pèlerinage est un don pour tous et pour notre temps si inquiétant par toutes les menaces qu’il génère. De retour de pèlerinage, tant de pèlerins désirent s’investir dans les associations jacquaires ou dans l’accueil comme hospitaliers, parce qu’ils sont conscients du don reçu et veulent donner à leur tour aux pèlerins suivants. Bénévoles multiples au service de leurs frères du chemin, ils perpétuent et démultiplient le don. Certains ouvrent leur porte pour accueillir, dans un grand esprit de liberté et de confiance, invitent à manger et dormir le pèlerin fatigué, lui proposant souvent la prière pour remercier Dieu ensemble : cet espace de générosité et de gratuité se nomme « Hospitalité ».
Une hospitalité « donativo » s’offre, elle ne se vend pas. On y trouve l’esprit de simplicité du chemin, car les anciens pèlerins se sont mués en hospitaliers et si le confort n’est pas à la hauteur, parfois luxueuse, des hébergements commerciaux (ma foi fort utiles !) c’est pour privilégier l’accueil et vivre avec ses hôtes, ses invités, le temps d’une soirée fraternelle.
Si des tracasseries (judiciaires, fiscales, réglementaires…) venaient à décourager hospitaliers bénévoles, hospitalités chrétiennes et accueils « donativos », de perpétuer l’esprit de ce chemin millénaire, au prétexte de jalousies commerciales, le flux des pèlerins se tarirait inexorablement. Ce ne serait pas dommage mais désespérant… pour tous. Mais, la foule des pèlerins d’hier et d’aujourd’hui témoigne et témoignera devant les hommes, les institutions et devant Dieu, qu’il nous faut choisir entre servir ses frères ou servir l’Argent, en se servant soi-même.





