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La Via Ligeria

28 juin 2022 | Conseils pratiques, En chemin

La voie Ligeria

Une nouvelle voie : de Nantes à Rome

La Via LIGERIA : de Saint Pierre de Nantes à Saint Pierre de Rome

Que peuvent faire des pèlerins à l’isolement forcé pendant des longs mois de pandémie ? Certains patientent tout en préparant leur prochain périple, d’autres rongent leur frein en attendant des jours meilleurs, d’autres rêvent d’explorations inédites et imaginent ouvrir de nouvelles voies de pèlerinage. C’est le cas d’Anne-Laure Timmel et Anthony Grouard. 

Ces bretons ont des âmes de pionniers. Déjà, en 2020, ils ont créé une association et aménagé un nouveau chemin qui permet aux marcheurs de Loire Atlantique de partir du centre de Nantes jusqu’à l’Océan. Le tracé leur a pris quelques mois. Désormais, on peut sortir de la ville et rejoindre la côte située à 50 kilomètres plus au sud. Mais c’est à la fin de cette année-là qu’un projet de grande ampleur va naître peu à peu dans leur esprit. Anthony raconte : « Un matin, on a eu un flash ! A Nantes, nous avons la cathédrale St Pierre, monument historique. A Rome, il y a la basilique Saint Pierre. Pourquoi ne pas imaginer un chemin de St Pierre à St Pierre ? »

Aller à Rome depuis Nantes ! Le pari est audacieux. Comment imaginer cheminer vers Rome lorsqu’on habite l’extrême Ouest de l’Europe  et qu’aucun sentier pèlerin n’a jamais été ni tracé ni réalisé ? Il existe bien une voie à l’Est de la France, la voie Francigena (depuis le Moyen-âge, elle part de Canterbury, relie Calais, Reims, Besançon, la Suisse, puis l’Italie), mais le point le plus proche est à 770 kilomètres de Nantes. 

Alors les deux défricheurs se mettent au travail. Ils scrutent les cartes IGN, interrogent les services de cartographie, étudient la topographie des sites et bientôt apparait la réponse, comme une évidence : les fleuves ! C’est en suivant la pente naturelle des fleuves, l’antique Ligeria (La Loire) et son affluent, Le Cher, et en traversant les bourgs et villages riverains, que les voies d’accès sont les plus faciles vers la Voie Francigena près de Besançon. Deux avantages : un faible relief et un bon potentiel d’hébergement. 

Cartographier un tracé de chemin est une chose, mais le créer sur le terrain est autrement difficile. En Avril 2021, Anne-Laure et Anthony bouclent leur sac à dos et partent à la découverte de ces nouveaux espaces. On est encore en pleine pandémie : certaines portes se ferment, des contacts sont injoignables, les associations pèlerines ont fermé leurs portes, mais ils ne se découragent pas. 

En remontant les fleuves, les deux voyageurs remontent aussi l’histoire de France. LaLigeria  est, en effet, le berceau de la chrétienté médiévale, le pays des premiers martyrs français Donatien et Rogatien, celui de Saint Martin de Tours, apôtre des Gaules, celui des templiers et, bien sûr, de Jeanne, la jeune bergère de Domremy. La Loire regorge de monastères et de châteaux, des abbayes et des chapelles jalonnent le cours d’eau. Le 25 mai, après cinq semaines de marche, la jonction est opérée, les voilà au Nord de Besançon, sur la Voie Francigena.

Les repérages faits, l’itinéraire tracé, il reste à communiquer sur le projet. A partir de l’été, Anthony et Anne-Laure, aidés de quelques amis, vont faire un travail de prospection tous azimuts. On envoie des emails, on passe des coups de fil, on interroge les paroisses qui recommandent des familles d’accueil pour les futurs pèlerins, on réalise des affichettes pour coller à l’entrée des églises. Très soutenue par l’évêché de Nantes, puis par celui du Maine et Loire, la nouvelle du projet se répand petit à petit. Les paroisses apprennent l’imminence de l’ouverture d’un chemin de pèlerinage pour les gens de l’Ouest et du Centre de la France et les portes s’ouvrent. Certains curés et abbés se prennent au jeu. Ils mettent un petit mot dans leur bulletin paroissial, diffusent l’information auprès des fidèles, confectionnent des crédentiales. Des articles paraissent dans les gazettes locales, relayés par des journaux régionaux puis des émissions de radio et la télévision. 

Bien sûr, il reste beaucoup à faire. Si Rome ne s’est pas faite en un jour, les chemins vers Rome demandent, eux aussi, du temps, mais les deux pérégrins ne sont plus seuls et leur enthousiasme a fait des émules. Leur association compte maintenant une centaine de membres, tous actifs. Et puis, en entendant parler de cette nouvelle voie, beaucoup de gens ont rejoint le projet. 

Aujourd’hui, on peut dire qu’un réseau d’accueil de Nantes jusqu’à Bourges, a été créé, soit la moitié du parcours (350 km). Ensuite, de Bourges à Vézelay, il suffit de remonter la voie jacquaire, déjà pourvue en gites d’étapes. Seule, la partie de Vèzelay à Besançon reste à aménager, mais là, déjà, des pèlerins bénévoles de l’association jacquaire de Franche Comté sont à pied d’œuvre pour le balisage. 

Cet été, plus d’une cinquantaine de pèlerins ont décidé de tenter l’aventure romaine par la Via Ligeria. Quelques uns sont en route. Le long des cours d’eau lents et limpides, ils marchent face au soleil levant. Certains arborent sur leur sac la devise antique : « Omnes Viae Roman Ducunt », Tous les chemins mènent à Rome… On attend impatiemment leurs récits de voyage.

Pour en savoir plus sur leur association : haltespelerines44.fr

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LA lettre

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