
Nombreux sont ceux qui, à Conques, ont été déçus par les 104 vitraux de l’Abbatiale Sainte-Foy : la lecture de son travail n’est pas donnée immédiatement à celui qui passe, ne prend pas le temps. Non, son travail demande au visiteur de faire des efforts : celui de prendre du temps et de se laisser imprégner par la lumière et ses effets, variables en fonction des heures de la journée. Et là quelque chose d’insaisissable apparaît et transperce celui qui n’attendait rien et est prêt à tout recevoir. Cette lecture des vitraux n’est-elle pas semblable à la démarche du pèlerinage : ne pas savoir ce que je vais trouver au détour du chemin…
Une démarche complétée par la visite du musée Pierre SOULAGES à Rodez
Ici tout a été pensé afin de créer une harmonie entre les supports et les œuvres exposées. Cela donne à voir aux visiteurs deux expos au lieu d’une puisque les matières des supports offrent eux aussi des effets intéressants.
Une pure merveille ! Vous l’aurez vite compris, je suis fan… Oui fan car j’admire chez cet artiste sa recherche incessante sur les effets de matières, les effets de lumière tout en utilisant des matériaux aussi atypiques (comme le brou de noix) qu’improbables (couteaux d’apiculteurs, semelle de caoutchouc…) dans ce domaine autant académique que particulier qu’est la peinture. Ses recherches représentent, à mon sens, une recherche, un chemin de communication avec l’insaisissable, l’au-delà, l’Invisible.
Le bonus de la visite : une salle réservée à tout son travail de recherche afin qu’il puisse livrer cette merveille que sont « ses » vitraux… Un documentaire nous plonge au cœur de sa démarche artistique qu’il a menée de 1987 à 1994, de son souci du détail, de son itinéraire dans son incessante recherche qu’il a menée pendant plusieurs années avec différents maître-verriers pour arriver à créer « ce verre incolore respectant la lumière naturelle, translucide, mais non transparent. C’est ce qui me paraissait convenir le mieux à l’espace propre à ce bâtiment qui est conçu avec la lumière ». Le film nous conduit à la rencontre d’un homme sans concession aucune : ni avec lui-même, ni avec les objectifs à atteindre. Comme dans ses peintures, il y met tout son être, toute son âme. Dans les vitrines, sont exposés les résultats des essais avant d’arriver au but. Aux murs, ses travaux exposés peuvent nous saisir ou nous laisser indifférent, à chacun de se laisser emporter ou non dans ce fabuleux itinéraire intérieur.


Merci Monsieur Soulages !
Musée Pierre Soulages
Jardin du Foirail – Avenue Victor Hugo – 12000 Rodez
Si vous passez par Rodez, la cathédrale et la vieille ville vous réserveront aussi de belles surprises !
Brigitte ALESINAS