Il est sorti en DVD en 2018, mais reste toujours d’actualité. Le documentaire « L’âge de la marche, en route vers Compostelle » décrit magnifiquement l’esprit du cheminement pédestre et la transformation qu’il propose. On y parle de la Via Arverna, mais ça vaut pour tous les chemins du monde…
« La marche est un humanisme ». D’entrée de jeu, le documentaire de Elise et Louis-Marie Blanchard pose le sujet avec cette phrase de Bernard Quinsat. Celui-ci est, avec l’historien Humbert Jacomet, l’un des promoteurs de cet itinéraire auvergnat qui relie Clermond-Ferrand à Rocamadour ou Conques. Un trajet de près de 400 km, riche de paysages à couper le souffle, d’un patrimoine spirituel et religieux impressionnant, et d’habitants très accueillants. Ce chemin ouvre enfin des perpectives vers d’autres contrées ou destinations. Et bien sûr, la Via Arverna est l’un des axes de passage des pèlerins de Compostelle en provenance du nord-est.
La marche est un humanisme car elle invite à aller à la rencontre de soi-même et des autres. « Le marcheur-pèlerin se met en retrait du monde, mais pas hors du monde » explique Bernard Quinsat. Cheminer au long cours est comme faire une retraite dans une abbaye : « le chemin est la Clôture ; la répétition des jours marchés et la sobriété constituent la Règle ». Respect et psalmodies.
« Un truc de dingue »…
Croyant ou non, le marcheur peut ainsi s’ouvrir à la marche en tant qu’ exercice spirituel, comme une retraite. Se diriger vers Compostelle peut déjà y inviter. Mais la visite de chapelles comme celle de Marie-Madeleine à Massiac ou de basiliques comme celle de Brioude avec ses vitraux flamboyants contribuent à transformer le randonneur en pèlerin et à lui faire ressentir une forte joie intérieure. «La marche nous autorise à nous aimer et nous assoit à notre place » ajoute joliment Bernard Quinsat.
Une joie à peine atténuée quand il faut affronter les frimas. Et la Via Arvena est généreuse en mises à l’épreuve des corps et des âmes. Nous voyons des pèlerins filmés dans la neige ou sous la pluie.
Arrivé dans la vallée de l’Alagnon, le pèlerin de la Via Arverna a le choix entre deux directions : Conques ou Rocamadour. Deux sites d’exception.
Témoignant dans le film, l’écrivain breton Jean-Claude Bourlès raconte son « émerveillement à l’état brut » lorqu’il a découvert Conques, avec son épouse Gisèle, en 1968. Un éblouissement qui les entraînera sur le chemin de Compostelle. « Un truc de dingue » pour cet agnostique amateur de chemins spirituels et historiques, auteur du « Grand Chemin » qui mettra tant de monde en marche vers Santiago.
Après Conques et Rocamadour, la voie vers l’Espagne est donc ouverte. Le documentaire consacre une seconde partie, plus courte, au Camino frances, entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Santiago. Un second film commence et s’achève trop rapidement, pour tenir le format de 76 mn. Mais l’essentiel a été dit et montré sur les chemins auvergnats.

La Via Arverna, une voie inspirante vers Compostelle (crédits : Blanchard prod).
L’âge de la marche-En route vers Compostelle. Réalisation, images, son et montage : Elise et Louis-Marie Blanchard. 76 mn DVD Pal. www.blanchard-prod.com