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Témoignage de Eric : mon Camino 2022

24 mai 2023 | En chemin, Témoignages

Les chaussures d'Eric, pèlerin

Une histoire de chaussures… et plus

Le Camino de Santiago, un chemin, presque une tradition familiale. En1962 mon père Jacques, alors officier de cavalerie en Algérie Française, fait le vœu de partir à Compostelle  s’il s’en sort  et si au retour il trouve une épouse. Ce sera le cas! mais la vie militaire n’aura permis à mon père de partir … que 33ans plus tard . 

1997 : mon premier Chemin . Camino Frances de Puente la Reina à Santiago. Un chemin parcouru après une demande faite à St Jacques . Sans trop y croire je fais le vœu d’un Camino en échange d’une reconversion!  360 candidats 4 places pour un concours d’entrée . Saint Jacques soutiendra ma candidature !

1999 : deuxième chemin pour moi et ma fiancée de Oviedo à Santiago…  Une demande au Monte do Gozo et un mariage un an plus tard! Après je m’installe comme artisan et la possibilité de repartir se fera attendre 22 ans .

De 1997 à 2002 mes parents feront le Camino Frances, le Camino primitivo et s’occuperont de l’accueil des pèlerins au bureau de St Jean Pied de Port. Ma mère continue encore l’accueil des pèlerins . 2002 mon père part sur son dernier chemin. Chemin qu’il ne finira pas pour cause de santé . Un cancer du poumon sera découvert et mon père décédera deux ans plus tard sans pouvoir terminer son ultime Camino .

2022 . J’ai un peu de vacances et des neveux me demandent de partir sur le chemin.

C’est décidé je repars … pour finir le Camino de mon père … avec les chaussures de mon père .

2/09/2022 départ de Léon En arrivant à Villafranca del Bierzo,  le moral n’est pas au beau fixe: les chaussures sont en train de me lâcher . A l’albergue Leo je pose la question à Maria, la hospitalera, s’il y a un cordonnier dans la ville . Maria me dit que oui et m’indique l’adresse . Je m’y rends mais le cordonnier me dit qu’il est à la retraite et ne veut plus réparer. Le moral est au fond de mes chaussures! En revenant au refuge, Maria me demande si le problème est réglé. La réponse est négative . Alors Maria et sa Maman Mercedes  se mettent à courir partout pour trouver de la colle pour que je puisse repartir chaussé.

Je suis incapable de lui expliquer pourquoi cela est important, trop peur d’être submergé par l’émotion.

Mes neveux me demandent si j’ai une idée pour remercier Maria . Les pâtisseries espagnoles ne me plaisent guère, le chocolat non plus ; collégialement nous choisirons une petite plante fleurie. La question est posée : vais-je expliquer à Maria l’importance de son geste ? Je réponds que cela va m’être très difficile. Le fleuriste ne dit rien et me tend une carte et un stylo (le coquin parle français mais n’a rien dit). Sur la carte, juste quelques mots en castillan: merci Maria ! Bien plus que de la colle, ce sont les chaussures de mon père . Elles doivent finir son chemin.

J’espère qu’elles ne seront pas au bureau en pensant laisser traîtreusement ma plante sur la table . A peine franchie la porte, je tombe nez à nez sur Maria, la plante à la main . Maria a compris et me dit : que es solamente pegamento !( c’est seulement de la colle).

J’arrive seulement à lui dire: que no!!  et je pleure comme un gosse.

Maria a vu la carte et l’a lue; nous nous sommes  retrouvés tous les deux les larmes au yeux ! Une seule demande sa part : devant l’apôtre, priez pour sa sœur très malade.

Je repars donc : O Cerbreiro, Triacastela, Sarria, Portomarin. Je constate que les chaussures lâchent de nouveau avant d’arriver à Palas de Rei; mille questions dans ma tête et autant de doutes .

J’entends quelqu’un arriver derrière moi et je pense qu’il s’agit d’un neveu .Non, c’est un pelerin allemand qui me demande si je parle anglais. Je réponds non mais lui ne se décourage pas, il me parle et explique qu’il a de quoi réparer dans son sac. Un neveu arrive et il ré-explique. Il me donnera un tube de colle spéciale cordonnerie à Palas de Rei. Wolfgang est parti, il y a quatre mois et demi de Stuttgart, 2600km. Les chaussures sont recollées au refuge . Je compte bien lui rendre son tube, lui expliquer et le remercier. Je ne le retrouve qu’à Santiago dix secondes où il explique qu’il doit partir vite car il doit prendre un taxi pour filer à l’aéroport.

Je ne sais, à ce moment, que peu de choses : il s’appelle Wolfgang,il est allemand, parti début avril de Stuttgart et arrivé le 13/09/22.

Rentré en France, je recherche sa trace sur Facebook,en contactant l’accueil de Saint Jean pied de port et de Santiago mais on ne donne pas de renseignements.

Beaucoup de monde m’encourage dans ma quête … Peu de jours après je reçois un message sur Instagram :Bonjour je suis Wolfgang, j’ai vu ta photo avec tes neveux sur Facebook et c’est moi qui t’ai donné de la colle !

J’ai expliqué à Wolfgang l’importance de ce geste . Je suis toujours en contact avec Maria et Wolfgang.

Je leur dois tant: j’ai fini chaussé et mon père a fini son Camino !

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