« Pèlerins : Vivre l’Esprit du Chemin »
(Organisé par les Fraternités monastiques de Jérusalem et l’hebdomadaire Le Pèlerin, en partenariat avec l’association Amis et Pèlerins de saint Jacques de la voie de Vézelay, la confraternité de Saint-Jacques en Bourgogne, l’association Chemins d’Assise, les frères franciscains de la Cordelle, la librairie le Pierre d’Angle)
Juste de retour de la Via Arverna, je me suis inscrit à la dernière minute avec mon épouse Pascale à ce week-end, emballé par le thème choisi, ravi de revenir à Vézelay d’où j’étais parti en 2015 sur le Chemin d’Assise et heureux de partager avec les participants, sans oublier la joie des offices proposés….
Oui sur le Chemin règne vraiment un Esprit particulier que l’on peut subodorer avant de partir, que l’on découvre petit à petit avec la marche en avant et qui au final (à l’arrivée ou au retour à la maison) nous habite et ne nous lâche plus si l’on a su ouvrir son cœur et son esprit aux merveilles du Chemin.
Gaële de La Brosse, avec sa grande connaissance et son expérience de nombreux chemins de pèlerinage, a exposé avec clarté, fine analyse, et un regard bienveillant sur l’âme humaine, le thème choisi. Illustrant ses propos avec une excellente présentation grâce aux moyens techniques actuels, elle nous a embarqués dans sa démarche à partir de miniatures (mêlant profane et religieux et symbolismes) du pèlerin du Moyen-Âge Jean, accomplissant son pèlerinage, pour déboucher sur la période actuelle avec des réflexions de pèlerins contemporains*.

Sans doute les premiers pèlerins partaient-ils avec à l’esprit une démarche religieuse choisie librement ou parfois imposée (pénitence ou délégation). Aujourd’hui les motivations de départ sont multiples : sportives, spirituelles, religieuses, découvertes du patrimoine, d’une autre culture ou encore phénomène de mode…
Quoiqu’il en soit le pèlerin est toujours confronté aux mêmes :
- épreuves (météo, dénivelés, passages délicats, cailloux, besaces/sac à dos, etc…)
Sur la route j’ai appris à ne plus avoir peur de mes peurs*
La meseta fut ma première émotion d’espace absolu*
- problèmes de logement/hospitalités mais aussi de belles découvertes/rencontres en tout genre : fraternité, compagnonnage, nature, patrimoine…
L’hospitalité est un échange profond. J’ai un peu donné et j’ai énormément reçu*
Nous nous découvrons grâce aux autres*
Le marcheur devient le Pèlerin de la Vie, quelque part il part pour retrouver sa vraie patrie, le paradis perdu. L’homme est toujours en progression, se rappelle-t-il, peut-être de notre père Abraham ?
En tout cas le Chemin apprend :
- le détachement des biens matériels, avoir un peu moins pour avoir un peu plus
« Alléger le matériel, c’est alléger le moral »
- le lâcher prise : se laisser guider par l’étoile, découvrir sa bonne étoile
La grâce est toujours là, prête à tomber comme un fruit mûr*
- la confiance (le bâton en est un bel exemple) sans oublier la « panetière »
Dieu est un bâton fort et solide sur lequel je peux m’appuyer quel que soit la difficulté du chemin*
A l’arrivée le pèlerin envahi d’émotion criait « Montjoie » lorsqu’il apercevait la ville d’arrivée (Jérusalem ou Compostelle depuis le Monte del Gozzo). Et là, la nostalgie vient bousculer cette joie car la fin du voyage, de l’aventure est toute proche.
Restent alors à accomplir les rituels à l’arrivée même au sanctuaire ou plus loin « à la fin de la terre » sans avoir besoin désormais de repartir avec la coquille preuve du voyage entrepris, puisque celle-ci faisait déjà partie du paquetage dès le départ, symbole accompagnateur de la démarche entreprise.
Le Chemin bouscule, modèle et transforme. Parti peut-être comme simple randonneur l’homme à l’arrivée devient pèlerin, appelé à devenir vraiment acteur de sa vie.
En plus de la conférence de Gaële, Marie-Ève Humery, auteur du livre Sept grâces sur le chemin de Compostelle, a animé un atelier d’écriture (hélas bien trop court) suivi de la lecture de quelques textes issus de l’atelier.
L’après-midi a été consacré à des témoignages. Le premier, celui du frère franciscain Patrice Kervyn, auteur de « L’homme qui parlait aux oiseaux » s’exprimant avec grande douceur et simplicité sur l’existence de la Cordelle, de sa vie de franciscain et de son expérience sur le Chemin d’Assise.

Le second de Michel Trossat, membre de l’association Chemins d’Assise, suivi d’un troisième de Philippe Monpays, président de la Confraternité des pèlerins de Saint-Jacques en Bourgogne, à l’issue d’une courte marche jusqu’à l’église d’Asquins (classée au patrimoine mondial depuis 1998). La notoriété de cette église vient de ce qu’elle fut au Moyen-Âge le point de départ de l’une des quatre grandes voies du chemin de Compostelle). Nous avons pu y admirer le buste reliquaire de Saint-Jacques de la fin du XVI ème siècle.
La journée s’est achevée par un concert de piano (Jérémy Gohier) dans le narthex de la Basilique juste devant l’extraordinaire tympan, interprétant entre autres des œuvres de C.Debussy, F.Liszt, J.S.Bach et F.Chopin. Certains morceaux semblaient donner vie aux personnages de la frise du tympan. Très bon moment !
Dimanche matin, juste avant la messe dominicale chantée, frère Jean-Yves Vételé nous a enchantés par ses explications simples, riches, respectueuses des opinions de chacun, pleines d’humour et d’amour, sur le tympan et quelques chapiteaux. Quelle envie de relire l’Ancien Testament devant de telles beautés réalisées par la main de l’homme !
Alléluia ! Ultréia e Suseia ! Pace e Bene à vous tous mes frères pèlerins !
François Hallonet
PS / Un seul regret : que Webcompostella n’ait pas été officiellement invitée comme partenaire de cette session…Mais rassurez-vous le premier soir, lors des présentations des participants je n’ai pas hésité à parler de l’Accueil Francophone à Santiago, parfaitement dans l’ESPRIT DU CHEMIN !